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18/04/2011

Une réaction face à la CMER

Je souhaite répondre à l’invitation faite dans le numéro de février de NUANCE et exprimer ma pensée au sujet de la relation envisagée , pour notre Union d’Eglises, l’UN EPREF, avec la CMER (Communion Mondiale d’Eglises Réformées), née de la réunion de l’ARM (Alliance Réformée Mondiale) et du COR (Conseil Œcuménique Réformé, ex Synode Œcuménique Réformé) dont l’UNEPREF est membre depuis bien des années.

La fidélité qui est demandée aux chrétiens ne consiste pas essentiellement et d’abord  -- et n’a d’ailleurs jamais consisté --  à ne rien changer aux attitudes que leurs pères ont estimé bonnes à adopter dans les circonstances de leur temps. Autrement dit, il est normal que l’UNEPREF précise de nouveau, aujourd’hui, ce qu’exige un témoignage fidèle et clair au Christ des évangiles aussi bien à l’étranger que sur le territoire national.

Face à la CMER, s’il n’est question à strictement parler ni de théologie (la foi confessée par la Communauté), ni d’ecclésiologie (la manière de vivre la foi communautairement), c’est le témoignage chrétien réformé qui est en vue. Il suffit pour s’en convaincre de lire, ne serait-ce que la liste des sept vocations principales de la CMER. La septième, à elle seule, est limpide :

« Donner une interprétation de la théologie réformée en vue du témoignage contemporain et de l’unité de l’Eglise. »

Le témoignage chrétien, c’est clair, est constitué aussi bien d’un exposé dogmatique minimum précis de la foi chrétienne que de la mise en œuvre pratique de celle-ci.

Avons-nous une suffisante certitude  que la foi réformée évangélique qui est la nôtre exprime aussi la conviction et l’espérance des autres Eglises ou Union d’Eglises membres de la CMER ? Il est permis d’en douter.

L’union réalisée entre le COR et l’ARM est, tout à la fois, compréhensible et justifiée s’il est bien exact que plusieurs de ses membres ont quitté le COR ces dernières années pour des raisons doctrinales. Notre synode n’a été invité, semble-t-il, ni à apprécier les motivations des membres qui se sont retirés, ni à s’interroger sur le nouveau visage du COR, afin de décider si l’UNEPREF pouvait et devait s’y maintenir.

Le qualificatif « réformée » de la CMER a de la séduction pour l’UNEPREF. Pourtant jusqu’à la constitution de la CMER, l’UNEPREF n’avait pas jugé possible de faire partie de l’Alliance Réformée Mondiale (ARM) ou du Conseil Œcuménique des Eglises (COE) pour des raisons doctrinales évidentes.

Dans le même esprit, le synode de l’UNEPREF n’a pas estimé possible, en mars 2000, de prendre place dans le CPLR (Conseil Permanent Luthéro-Réformé devenu Communion Protestante Luthéro-Réformée) français.

Comment son synode national et général pourrait-il, en 2012, estimer imaginable de faire partie de la CMER sans admettre, par cette adhésion, que les différences doctrinales se sont estompées et que les conceptions du témoignage évangélique ne se différencient plus vraiment ?  

L’immobilisme n’est certes pas un objectif souhaitable en soi… et il est sûrement opportun et utile pour l’UNEPREF de faire le point et d’être conséquente avec elle-même. Mais le désir d’unité au prix de la fidélité à l’Evangile n’est pas plus légitime en notre temps qu’autrefois.

Marie de Védrines (avril 2011)

Commentaires

Avant de prendre la parole, et participer à ce débat, je souhaitais me renseigner sur la CMER. Je ne dirais pas que c'est chose complétement faite mais comme aucun commentaire n'est posté, j'ouvre le feu !
Je voudrais m'arrêter sur les 7 points des engagements de la CMER et je demande quelques éclaircissements :
1- Favoriser l’identité confessionnelle et la communion parmi les Eglises réformées, et l’unité dans l’ensemble de l’Eglise :
> Si l’identité confessionnelle est clairement définie, je pense que la communion est à favoriser. Quand à favoriser une identité, n’y a-t-il pas de meilleure façon de le faire que de la rendre visible et dans le domaine de la foi, de témoigner ! A quel témoignage est appelé notre union ?
2- Promouvoir la justice économique et écologique, et l’ensemble de la création de Dieu, et d’œuvrer en faveur de la paix et de la réconciliation dans le monde :
> Vaste programme mais il me semble que dans ces domaines nous avons des choses à dire et à vivre. J’ai du mal à comprends ce que signifie « Promouvoir l’ensemble de la création de Dieu » ?
3- Encourager le renouveau du culte réformé et de la vie spirituelle en tant que famille mondiale du peuple de Dieu :
> Le renouveau du culte et de la vie spirituelle, je suis assez pour ! Mais j’ai du mal à appréhender la portée de l’expression « en tant que famille mondiale du peuple de Dieu »
4- Renforcer la formation des responsables et de nourrir la communauté de l’alliance :
> J’espère que la communauté de l’Alliance va au-delà du CMER, parle-t-on d’œcuménisme ici ?
5- Favoriser la pleine participation des femmes et des jeunes dans tous les aspects de la vie de l’Eglise :
> Pour ma part, j’ai l’impression que le défis est de relancer une dynamique communautaire : ce sont les relations entre les divers clivages de l’église qu’il intensifier. Comment vivons-nous la différence de culture entre nos générations ? Je pense qu’il y a là un défis énorme pour nous !
6- Renouveler l’attachement des chrétiens réformés à la mission de Dieu – tant par le témoignage que par le service – dans un esprit de partenariat et d’unité :
Rien à redire, si ce n’est que je serais tenté de voir une majuscule au mot « esprit » !
7- Donner une interprétation de la théologie réformée en vue du témoignage contemporain et de l’unité de l’Eglise :
Quel témoignage disiez-vous ? Cela dépend de notre identité, celle du premier article, non ?

Écrit par : Landes | 13/05/2011

Ma modeste contribution :

1) je pense que nous ne sommes pas loin du ridicule dans ce "grand" débat. Nous ne sommes qu'une minuscule union d’Églises qui n'a pas su se positionner quant au CNEF et qui se demande s'il faut être au CMER ... Revoyons plutot nos structures comme nous y avons été invités en pastorale (moins de synodes, moins de commissions et moins d'ambitions). La communion peut souvent se passer de grandes structures.

2) Je remercie Jean-Raymond Stauffacher et Pierre Alain Jacot pour leurs rapports respectifs. Je ne crois pas que ceux qui hesitent concernant les questions de communion soient en train de construire Babel (comme nous le lisons dans une autre intervention). Ne peut-on pas poser des limites a la communion sans passer pour des integristes (ou des personnes qui ont mal compris le projet) qui refusent la diversité, veulent l’uniformité et n'ont pas même compris le sens du mot communion ?

3) Enfin, la question que je continue de me poser (presque au-delà du CMER) est celle des limites de nos collaborations avec des unions d'Eglises pluralistes (autrement dit qui acceptent des théologies inacceptables). Nous avons des différends theologiques avec de nombreuses églises évangéliques (je ne suis pas naïf) mais nous pouvons discuter avec elles parce que la Bible est pour elles, comme pour nous, parole de Dieu. Et toute la Bible.

CONCLUSION : ne croyez pas que je sois contre le CMER. Nous pouvons y entrer. Je pense que nous conserverons notre liberté de dénoncer et de nous opposer sereinement aux théologies inacceptables qui y habitent (cela me semble très biblique). Mais je profite de ce débat pour dire qu'il serait alors étonnant de ne pas rapidement entrer pleinement dans le CNEF. Nous affirmerons alors notre foi évangélique (et je vous renvoie encore une fois a lire l'excellent ouvrage de John Stott "La foi évangélique" qui aurait du être une lecture obligatoire de tous les délégués des synodes depuis trois ans.). Nous aurons, la aussi, la liberte de dénoncer et de dire nos différences mais dans le respect des Écritures.

Très fraternellement a tous,
Que Dieu nous inspire et nous guide.
Pascal

Écrit par : Gonzalez Pascal | 22/11/2011

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