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19/09/2012

Réaction de Charles Nicolas

Réaction de Charles Nicolas aux remarques de Jean-Luc Blanc

Jean-Luc Blanc a écrit qu'en faisant la promotion d'une communion, la CMER ne devrait poser problème à personne. Cependant dans son introduction, il invalide son raisonnement. Je le cite : « La communion vécue dans une Eglise comme celle du Maroc dépasse largement celle de la CMER puisqu'on trouve là des baptistes, des réformés, des évangéliques, des luthériens. Aucun de ceux qui ont vécu ou vivent cette communion n'accepterait qu'on en remette en cause la réalité ». Autrement dit, NUL BESOIN DE LA  CMER POUR VIVRE LA COMMUNION ! La communion est en Christ, un point c'est tout. Et Christ, c'est autre chose qu'une institution humaine, aussi large soit-elle. C'est là notre spécificité par rapport à l'Eglise catholique romaine qui croit pouvoir confondre une institution et l'Eglise de Jésus-Christ.

1. Notre compréhension de l'Eglise

Notre compréhension de l'Eglise est tout autre. Aucune de nos dénominations ne prétend être l'Eglise de Jésus-Christ. Et quand bien-même toutes nos dénominations protestantes se fédèreraient pour constituer un grand ensemble, nous ne confondrions toujours pas ce grand ensemble avec l'Eglise de Jésus-Christ. C'est à dire que nous ne limiterions pas notre compréhension de la communion à cette nouvelle institution. Quand Calvin écrit qu'il y a beaucoup de loups dans l'Eglise et beaucoup de brebis dehors, il montre bien qu'aucune instance visible n'est garante de communion. C'est la raison pour laquelle la liturgie de la cène se garde bien de mentionner quelque structure ou dénomination humaine que ce soit : ni CMER, ni COE, ni CEVAA, ni quoi que ce soit. 

2. Notre compréhension de la communion

Cependant, cette même liturgie rappelle aussi le sens de l'oeuvre accomplie à la croix et réclame une compréhension claire, sans équivoque, et une adhésion pleine et entière à ce contenu de sens. Suis-je en communion avec quelqu'un seulement parce qu'il est protestant ? Suis-je en communion avec quelqu'un qui ne croit pas à la naissance miraculeuse de Jésus (qui croit donc que Jésus est un homme que Dieu a adopté lors de son baptême) ? Suis-je en communion avec quelqu'un qui ne croit pas à la dimension expiatoire du sacrifice de Jésus (qui croit que Jésus nous a donné un bel exemple de renoncement à soi) ? Suis-je en communion avec quelqu'un qui ne croit pas que Jésus est ressuscité corporellement (qui croit que Jésus n'est vivant qu'au travers de ceux qui portent son message) ? Cela est bien moins que certain. Aurons-nous sauvegardé la communion quand nous aurons-dit que tout cela n'est pas important, que l'essentiel est de « croire en Jésus » sans autre précision ? Rien n'est moins sûr. Les restrictions mentales tuent la communion comme elles tuent l'amour, chacun le sait.

3. Notre compréhension de la diversité

Jean-Luc Blanc parle d'acceptation de la diversité. Elle ne me gène nullement. Nous avons tous vécu l'extraordinaire expérience de nous retrouver en communion fraternelle évidente avec des personnes que nous ne connaissions pas, dans des lieux inimaginables et des circonstances que rien ne laissait prévoir. Mais cette communion n'était pas liée à la croix huguenote, ni au protestantisme fut-il réformé, fut-il réformé évangélique. Et que signifie le mot 'réformé' aujourd'hui ? On se le demande. Ne serais-je en communion qu'avec ceux qui pensent en tous points comme moi ? Loin de là ! C'est la CMER qui pense cela finalement, puisqu'elle réunit des Eglises qui partagent (au moins) un certain nombre de principes (on se demande lesquels). Non, je suis en communion avec des personnes qui pensent autrement que moi sur beaucoup de points, dès lors « qu'ils confessent un même Christ » que moi, c'est à dire celui des Evangiles, celui de toute l'Ecriture. A cela, il ne faudrait ni enlever ni ajouter.

4. Notre compréhension de l'Eglise visible

Pourquoi alors avoir des confessions de foi, des dénominations, des unions d'églises ? Nul de nous ne croit, je le redis, qu'une confession de foi ou une dénomination puisse être garante de la communion ou pourrait déterminer les limites de l'Eglise véritable. En ecclésiologie protestante, les dénominations sont des réalités secondes, et c'est pourquoi elles ne nous traumatisent pas outre mesure : nous savons que le Seigneur regarde bien au-delà de ça ; et nous aussi, j'espère.

Cependant, nous croyons que Dieu nous a confié la gestion du ministère et de la fidélité de l'Eglise, non pas de manière absolue certes, mais comme ayant reçu la charge de l'assumer. « Prenez garde au troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis comme surveillants, dit Paul aux anciens d'Ephèse, car il surviendra des loups cruels  qui n'épargneront pas le troupeau, et il s'élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses pour entraîner les disciples après eux » (Ac 20.28-30). Je sais bien que cela ne fait pas vraiment « sympa » de parler de loups... Mais pourquoi l'apôtre a-t-il écrit cela ? Quelqu'un dira : Mais est-ce toi, Charles Nicolas, qui va déterminer si quelqu'un annonce fidèlement l'Evangile ou pas ? Bien-sûr que non ! C'est la raison pour laquelle nous nous référons à des confessions de foi qui ont une autorité seconde par rapport à l'Ecriture, mais qui sont reconnues comme transmettant de manière fidèle le contenu de l'Ecriture.

5. La Confession de foi ou Jésus-Christ ?

Nous ne croyons pas que les Confessions de foi déterminent les limites de l'Eglise de Jésus-Christ et elles ne bornent pas notre communion. Notre communion est à la fois plus large et plus exigeante que cela, car elle est en Christ. Cependant, nous croyons que les confessions de foi permettent de s'accorder sur des axes majeurs de la révélation que Dieu nous a accordée. C'est la raison pour laquelle nous ne sommes pas tous dans l'Eglise catholique romaine bien qu'il se trouve beaucoup de vrais chrétiens dans cette institution. C'est aussi la raison pour laquelle il existe en France des églises réformées évangéliques qui ne sont intégrées ni dans l'ERF ni dans l'Eglise protestante unie (appellation choquante, soit dit en passant). Ce n'est pas pour des questions de détail ou d'humeur comme on l'a suggéré quelques fois, mais pour des questions de toute première importance. Cela signifie-t-il que la communion soit impossible entre les membres de différentes unions ? Bien-sûr que non. Mais cela signifie que cette communion ne va pas de soi non plus : elle suppose en effet un accord de fond ; elle exclue les approximations.

En d'autres termes, si les dénominations ont leur raison d'être (dans la mesure où elles sont fidèles à ce qu'elles déclarent, sinon...), si les fédérations sont légitimes et même utiles en ce sens qu'elles décloisonnent et appellent à l'enrichissement mutuel, AUCUNE INSTANCE HUMAINE N'EST HABILITEE A PROMULGUER QUELQUE COMMUNION QUE CE SOIT sauf  à  créer une Eglise catholique bis... Je vois bien que cela est une tentation aujourd'hui – c'est tout humain – mais cela m'apparaît dangereux, propre à dénaturer la compréhension biblique de l'Eglise de Jésus-Christ, de la communion et même de l'Evangile. C'est une fausse piste. C'est une impasse.

Nous n'avons pas besoin de la CMER pour être en communion avec un grand nombre de chrétiens extrèmement variés dans le monde ! Notre compréhension de la communion est à la fois plus précise et plus large ! Elle est en Christ. Appliquons-nous plutôt à vivre notre vocation de chrétiens réformés évangéliques, si nous savons encore ce que cela implique.

Charles Nicolas, le 4 sept. 2012

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